L'amour tue.
Nous nous étions promis de ne rien nous promettre.
Mais c'était déjà trop, c'était déjà l'envie
de courir au délit qu'ainsi nous faisions naître.
Et nous rêvions ces mots qui étaient interdits.
Cette omertà des cœurs avait ses bénéfices.
Elle se contournait par un petit chemin
dont sa triste froideur désignait les prémices
et où tu me disais "je t'aime" avec les mains.
Toutes les amours tues s'inventent des langages.
La grammaire du notre obligeait le pluriel
et chaque "nous" dont tu caressais mon visage
me désignait tout autre "nous" comme partiel.
Définir ce silence est définir un cri :
Un cri pour deux amants; Un concert; Un duo;
Un cri de jouissance; Un hôtel à Paris;
une chambre à Milan; Une suite à Tokyo !
Qu'importe où nous allions nous cacher, nous soumettre,
qu'importe, c'est ici que je t'ai rencontrée,
ici que nous étions venus pleurer peut-être,
ici que j'ai appris à trahir, à aimer.
Rien n'a changé tu vois, ce parc écoute encore
mon talon s'éloigner, lorsque l'heure est venue,
de nous, de Nous, de toi, de Toi et de ton corps.
Tout ce que j'ai saigné est sur cette avenue.
11.02.09